#8 Le choix de l'auxiliaire
2 participants
Page 1 sur 1
#8 Le choix de l'auxiliaire
Forum #8 Le choix de l'auxiliaire
Le rôle aspectuel de l'auxiliaire est clair (il a arrivaé, action vs. il est arrivaé, état). On ne fait pas la fusion que fait le français. Le français dit "il est mort" qui peut être en anglais 'he died' ou 'he is dead', "il est parti" = 'he has gone' et 'he is gone' etc... Le normand fonctionne plutôt comme l'anglais, ol a mouoru vs. ol est morte. Donc, il a venun, ol a parti, il ount tumbaé, il y a restaé etc...
Pour ce qui est des pronominaux, les grammaires hésitent et on tombe dans une question de norme vs. usage. Certains auteurs, comme Maurice Fichet, sont d'accord pour dire que le meilleur normand utilise "aveî/avaer" et dit: i s'a racachi. Mais il n'est pas rare de trouver dans ses textes des utilisations de "yête", qui l'amènent à dire: "ah oui, ça m'a échappé, je vais corriger". Mais pourquoi ? Parce que en fait, dans l'usage, on utilise "yête" assez couramment, sans que ça soit considéré comme une faute. D'autres excellents patoisants n'ont aucun problème avec "i s'est racachi" et ne verraient pas la nécessité de le corriger. L'usage diffère souvent de ce qui est prescrit; c'est un peu comme en français, où les grammaires disent que 'malgré que' n'est pas grammatical, mais en fait tout le monde le dit. Est-ce qu'il ne vous est pas arrivé de poser une question sur une tournure, et de recevoir cette très jolie réponse: "ça ne se dit pas, mais ça s'entend".
Ceci pose un autre problème: celui de l'accord avec "avoir" dans un pronominal: o s'a racachi ou o s'a racachie ? Marie écrit p. 117: Treis bouones gens lus ount éfalaîsis hiyir l'arlévaée trois personnes sont tombées du haut des falaises. Le EGLN donne o s'a accouvaée oûssitôt, avec -e (elle s'est accroupie) mais deux lignes plus loin o s'a ahoqui és rounches, sans -e (elle s'est accrochée). Qui que vos en dites ?
Le rôle aspectuel de l'auxiliaire est clair (il a arrivaé, action vs. il est arrivaé, état). On ne fait pas la fusion que fait le français. Le français dit "il est mort" qui peut être en anglais 'he died' ou 'he is dead', "il est parti" = 'he has gone' et 'he is gone' etc... Le normand fonctionne plutôt comme l'anglais, ol a mouoru vs. ol est morte. Donc, il a venun, ol a parti, il ount tumbaé, il y a restaé etc...
Pour ce qui est des pronominaux, les grammaires hésitent et on tombe dans une question de norme vs. usage. Certains auteurs, comme Maurice Fichet, sont d'accord pour dire que le meilleur normand utilise "aveî/avaer" et dit: i s'a racachi. Mais il n'est pas rare de trouver dans ses textes des utilisations de "yête", qui l'amènent à dire: "ah oui, ça m'a échappé, je vais corriger". Mais pourquoi ? Parce que en fait, dans l'usage, on utilise "yête" assez couramment, sans que ça soit considéré comme une faute. D'autres excellents patoisants n'ont aucun problème avec "i s'est racachi" et ne verraient pas la nécessité de le corriger. L'usage diffère souvent de ce qui est prescrit; c'est un peu comme en français, où les grammaires disent que 'malgré que' n'est pas grammatical, mais en fait tout le monde le dit. Est-ce qu'il ne vous est pas arrivé de poser une question sur une tournure, et de recevoir cette très jolie réponse: "ça ne se dit pas, mais ça s'entend".
Ceci pose un autre problème: celui de l'accord avec "avoir" dans un pronominal: o s'a racachi ou o s'a racachie ? Marie écrit p. 117: Treis bouones gens lus ount éfalaîsis hiyir l'arlévaée trois personnes sont tombées du haut des falaises. Le EGLN donne o s'a accouvaée oûssitôt, avec -e (elle s'est accroupie) mais deux lignes plus loin o s'a ahoqui és rounches, sans -e (elle s'est accrochée). Qui que vos en dites ?
Re: #8 Le choix de l'auxiliaire
irangnie1: Certains pensent qu'il faudrait normaliser tout ça, qu'il nous faudrait vraiment une Académie Normande. D'autres pensent plutôt qu'il faut laisser les choses en l'état, et que c'est un grand privilège des langues comme le normand, le picard etc... de ne pas être aussi contraintes que peut l'être le français.
Re: #8 Le choix de l'auxiliaire
J'aime cette liberté de pouvoir choisir l'auxiliaire qui correspond à ce que l'on a pu entendre dans la bouche de nos parents ou grands parents. La normalisation m'effraie un peu, suivant le degré de normalisation ne risque-t-on pas de perdre des spécificités locales telles que le potement du Val de Saire ou de Saint Germain des Vaux par exemple qui font la saveur et la richesse des textes.
Graund- membre
- Messages : 6
Date d'inscription : 17/08/2016
Re: #8 Le choix de l'auxiliaire
irangnie1: [réponse à Graund] merci du commentaire; je partage tes réserves sur la normalisation. Il faut, à la fois, optimiser la compréhension, le partage et la communication, donc un certain degré de normalisation est incontournable. Mais il n'y a pas lieu de mettre en place un dirigisme à la française, et il faut en parallèle reconnaître et respecter la variation sous-dialectale. Je n'ai personnellement rien contre l'idée d'une co-existence de plusieurs versions. Ex: Pernelle, de Ch. Lepeley, version Saire et version normalisée. Effectivement, une partie de la saveur des Chroniques patoises se perdrait si on en faisait une version normalisée, mais d'un autre côté, la lisibilité en gagnerait. Donc, pourquoi pas les deux ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|